N'djamena, 07 juillet, 2025 / 10:40 PM
Les massacres aveugles et brutaux au Tchad, dénoncés par les évêques catholiques du pays dans leur message de Noël 2024, n'ont pas cessé, ont-ils déclaré.
Dans un communiqué publié à l'issue de leur assemblée générale de six jours qui s'est tenue à N'Djamena et s'est achevée le 5 juillet, les membres de la Conférence épiscopale du Tchad (CET) ont déploré que les massacres dans ce pays situé au carrefour de l'Afrique du Nord et de l'Afrique centrale « n'aient fait qu'empirer ».
« Nous, évêques du Tchad, avons analysé la situation de nos diocèses et de notre pays. Il ressort clairement de cette analyse que notre message de Noël 2024 sur le respect de la dignité humaine n'a pas été entendu. Au contraire, les massacres qui ont suscité notre réflexion n'ont fait qu'empirer », déplorent les membres de la CET.
Ils mettent en avant certaines régions tchadiennes où des dizaines de personnes ont été massacrées « récemment », notamment le massacre de 35 personnes mi-mai dans la province du Logone Occidental, dans le sud-ouest du pays, et celui d'au moins 20 personnes entre le 10 et le 14 juin dans la localité de Molou, dans l'est du pays.
Les membres du CET déclarent : « Nous sommes profondément attristés et indignés par l'escalade de cette violence, sa cruauté et son ampleur, en particulier lors des événements récents qui se sont produits à Mandakao (Logone Occidental), Molou (Ouaddaï), Oregomel (Mayo-Kebbi) et Mouray (Salamat), entre autres. »
Dans leur message de Noël 2024, les évêques catholiques du Tchad ont dénoncé les meurtres impunis dans le pays, déclarant : « Les massacres et les meurtres sont devenus alarmants et banalisés, sans que personne n'ait à rendre de comptes. »
Dans leur message, dans lequel ils attribuent l'impunité à « l'écart croissant entre la minorité riche et la majorité pauvre », les membres de la CET ont également dénoncé les abus politiques motivés par l'égoïsme, soulignant qu'au Tchad, l'intimidation, les fausses promesses et la corruption priment souvent sur la vérité, l'honnêteté et la justice.
Pour aller de l'avant, les évêques catholiques du Tchad ont appelé le gouvernement à garantir la mise en place d'un climat où les droits de l'homme, la justice et les politiques en vigueur élèvent la dignité humaine.
« Le rôle du gouvernement est de respecter les droits humains et les libertés fondamentales. L'action du gouvernement doit conduire au respect de la dignité des êtres humains et à l'élévation de l'homme », ont déclaré les membres de la CET dans leur message intitulé « Respect de la dignité humaine pour un Tchad de fraternité, de justice et de paix », publié le 13 décembre 2024 à l'issue de leur assemblée plénière annuelle.
Dans leur dernier message daté du 5 juillet, les évêques catholiques du Tchad dénoncent « les conflits intercommunautaires sanglants et récurrents de ces dernières années » qui, selon eux, « déstabilisent les communautés rurales, qui constituent l'épine dorsale de l'économie du pays ».
Comme dans le message de décembre 2024, ils réaffirment le rôle primordial du gouvernement dans la protection de la vie humaine. « Il est du devoir de l'État, par son autorité souveraine, de prendre des mesures efficaces pour protéger tous les citoyens et rétablir la paix et la sécurité dans les régions touchées », affirment-ils.
Les membres de la CET rappellent en outre leur appel de décembre 2024 au respect de la vie humaine telle que Dieu l'a voulue, en déclarant : « Comme nous l'avons souligné dans notre message de Noël 2024, les êtres humains sont créés à l'image et à la ressemblance de Dieu (Genèse 1, 26-27). À ce titre, la dignité humaine appartient à chaque personne, en toutes circonstances, et indépendamment de sa condition ou de sa situation. »
« Au nom de la dignité humaine, nous ne pouvons rester indifférents face à ces massacres inacceptables, qui n'épargnent ni les femmes ni les enfants », déclarent-ils, et, faisant référence aux pertes humaines continues au Tchad, ils soulignent : « Nous condamnons fermement ces actes horribles et barbares qui choquent la conscience humaine et déshonorent tant leurs auteurs que ceux qui les soutiennent. »
Selon leur avis éclairé, les massacres signalés et les « actes de violence meurtriers » qui y sont liés révèlent l'absence de l'État et, dans certains cas, la partialité de ses représentants.
Pour eux, « chaque vie perdue dans ces tragédies est une perte incommensurable pour notre société et un appel urgent à protéger les plus vulnérables ».
Pour aller de l'avant, les dirigeants de l'Église catholique déclarent : « Face à la montée de la violence, nous appelons à un véritable dialogue national afin d'examiner les causes profondes de ces conflits ».
« Une véritable réconciliation et une paix durable exigent à la fois la vérité et la justice », affirment les membres du CET, faisant allusion à la lettre encyclique du défunt pape François sur la fraternité et l'amitié sociale, Fratelli Tutti (227-233), publiée en octobre 2020.
Ils expriment leur solidarité spirituelle avec le peuple de Dieu au Tchad et « s'offrent » pour faciliter la réconciliation nationale.
« Comme nous le faisons chaque jour, nous continuons à prier pour notre pays et sommes prêts à offrir notre contribution en tant qu'Église pour un Tchad réconcilié, enraciné dans la vérité et la justice », déclarent les membres du CET dans leur message du 5 juillet, signé par leur président, Mgr Martin Waïngue Bani, évêque du diocèse catholique de Doba.
Ils présentent leurs « sincères condoléances aux familles endeuillées » et expriment leur solidarité spirituelle, affirmant qu'ils « prient pour le repos des âmes des victimes et pour la guérison des blessés ».
« Nous prions également pour la conversion des auteurs de ces crimes », déclarent les évêques catholiques du Tchad dans leur message qui commence par Genèse 4:9-10 : « Où est ton frère ? La voix du sang de ton frère crie vers moi depuis la terre ! »
Charles Muchiri a contribué à la rédaction de cet article.
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